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ESTHÉTIQUE

Les esthéticiennes enfin autorisées à utiliser le laser

Le décret autorisant les esthéticiennes à utiliser la lumière pulsée et le laser pour l’épilation définitive est enfin paru au Journal officiel.

Qui peut utiliser la lumière pulsée et le laser ?

Les infirmiers diplômés d’Etat et les professionnels de l’esthétique peuvent désormais pratiquer l’épilation à la lumière pulsée ou au laser, selon le décret publié dans le Journal officiel du 26 mai. Un soulagement pour les instituts qui se sont spécialisés dans ce type de prestation et qui attendaient ce décret avant d’investir dans un matériel coûteux.

Les esthéticiennes devront toutefois avoir suivi une formation à la réalisation de ces actes d’épilation, avec des mises à niveau régulières, dont les modalités seront précisées par de futurs décrets. Les attestations en cours de validité devront être affichées par l’exploitant et visibles pour les consommateurs.

Les obligations du client

Avant le premier acte d’épilation, le client devra remplir une fiche d’information qui devra comporter les éléments suivants :

  • une description des performances attendues ; 
  • une description des risques résiduels, pour que le client puisse se décider en connaissance de cause ;
  • la mention «Les professionnels ont reçu une formation appropriée sur les conditions d’utilisation en toute sécurité du dispositif» ;
  • la recommandation de se soumettre à une consultation médicale, avec un examen des zones de peau à traiter, avant toute première prestation d’épilation à la lumière pulsée ou au laser ;
  • la liste des contre-indications de cette prestation ;
  • les recommandations à suivre lors d’une séance et l’obligation d’une protection oculaire ;
  • les informations sur la manière de signaler les effets secondaires indésirables.


L’exploitant devra conserver un double de cette fiche, daté et signé par le consommateur, pendant une durée de trois ans.

Les obligations de l'exploitant

Dès la mise en service d’un appareil de lumière pulsée ou d’un laser, l’exploitant devra afficher de manière claire et visible les indications suivantes :

  • les risques pour la santé entraînés par l’exposition aux rayons émis par les appareils ;
  • les contre-indications et la recommandation de solliciter l’avis d’un médecin, en cas de doute sur une contre-indication ;
  • l’obligation d’une protection oculaire filtrant efficacement les longueurs d’onde utilisées ;
  • la recommandation au consommateur de déclarer tout réaction indésirable survenu au cours d’une séance ou postérieurement.

 

Avant de programmer des séances, le professionnel devra réaliser un examen de la peau, déterminer le phototype de son client et vérifier l’absence de signe évocateur d’une contre-indication.

En cas de contre-indication, il ne pourra pas programmer de séances. Avant chaque séance, il devra aussi adapter le paramétrage de l’appareil en fonction du phototype. Après la séance, il devra contrôler l’absence d’effet indésirable.

Pour toutes les séances réalisées au laser, le professionnel devra consigner dans un document nominatif et personnel la preuve des vérifications effectuées.

Ce document devra être tenu à la disposition des agents chargés du contrôle pendant une durée de trois ans, après la dernière séance effectuée.

Enfin, en ce qui concerne les appareils, leur maintenance devra être réalisée selon les recommandations du fabricant. Là encore, l’exploitant devra établir et tenir à jour une fiche, afin d’assurer la traçabilité de la maintenance, qui sera présentée aux agents chargés du contrôle.

Les obligations des fabricants

Les distributeurs et les fabricants ont pour obligation d’effectuer une démonstration de l’utilisation de l’appareil lors de la mise en service.

L’exploitant devra prouver, en cas de contrôle, qu’il a bien bénéficié de cette démonstration.

Le fabricant devra également remettre une notice d’utilisation, qui mentionne l’obligation de déclarer les incidents graves à tous les professionnels appelés à utiliser l’appareil.

 

Si ce décret vient combler les voeux des centres qui veulent promouvoir l’épilation longue durée ou définitive, il laisse néanmoins la porte ouverte à de nombreux contrôles. Mais c’est un petit prix à payer, si l’on considère que ce texte permet enfin aux esthéticiennes d’accéder à des prestations rentables.

 

 

Source : Décret n°2024-470 du 24 mai 2024

Mais les organisations professionnelles appellent à la prudence

La Cnaib-Spa et l’UPB invitent les esthéticiennes à ne pas se précipiter sur les formations au laser, dont le contenu devra être précisé par des arrêtés dans les prochaines semaines. Pour l’heure, il n’existe aucune prise en charge.

Les deux organisations professionnelles invitent les esthéticiennes à redoubler de prudence avant de suivre une formation à l’épilation laser. Une mise en garde qui intervient quelques jours après la publication du décret autorisant ces professionnelles à réaliser ce type de prestation.

Une évolution favorable de la législation attendue avec impatience par toute la filière. Anticipant la parution du texte, la MAM Academy (groupe Lazeo) a même pris les devants en proposant, depuis plusieurs semaines, une formation de 10 jours ouverte aux esthéticiennes et aux infirmières.

Autre initiative : Conseil-SRD, une société spécialisée dans la sécurité-sûreté, s’est rapprochée d’Alma Laser, pour lancer des programmes sur les lasers esthétiques, également destinés aux non-médecins. «Pour pouvoir se lancer, il est obligatoire d’avoir suivi une formation validée par un service certifié et en respectant les bonnes procédures approuvées par le fabricant officiel», assure l’entreprise dans un communiqué.

Problème : le contenu de la formation que les esthéticiennes devront obligatoirement suivre n’a pas encore été précisé… «Le décret dit bien que, pour pratiquer l’épilation laser, il faudra une certification, dont on ne connaît pas aujourd’hui la teneur, c’est-à-dire le contenu de la formation, sa durée et les organismes habilités», insiste Dominique Munier, président de l’Union des professionnels de la beauté et du bien-être (UPB).

 

Pas de prise en charge par les Opco

Si la Cnaib-Spa et l’UPB applaudissent la parution du décret, entré en vigueur lundi dernier, elles encouragent toutefois les esthéticiennes à garder la tête froide. «Le programme de ces formations sera communiqué en priorité aux organismes officiels des branches, avant d’être approuvé par les pouvoirs publics. Et pour le moment, nous n’avons encore rien reçu», indique Martine Berenguel, présidente de la Cnaib-Spa. 

Bref, à l’heure actuelle, «personne ne peut prédire quel sera le contenu requis de ces formations…», ajoute Martine Berenguel. Autrement dit, pour obtenir la bonne certification, il faudra alors tout recommencer ! Ce qui peut représenter un coût non négligeable, puisque «le montant des formations actuelles ne peut pas être pris en charge par les Opco», avertit Dominique Munier.

«Pour l’instant, la formation laser des esthéticiennes a été exclue des opérateurs de compétences. Cela veut dire qu’au travers de la branche, avec les syndicats, nous devons la faire évoluer pour qu’elle puisse être prise en charge», poursuit le président de l’UPB.

 

Protéger le consommateur

Pour les plus pressées, il y aura toujours les formations dispensées par les marques. «Obligatoires dès la vente d’une machine, elles ne portent pourtant que sur le fonctionnement et la prise en main de l’appareil, donc limitées aux yeux du législateur. Elles ne dispenseront pas l’esthéticienne d’une formation complète», estime Martine Berenguel.

 «Le but de la certification sera, d’une part, de protéger le consommateur, en donnant à l’esthéticienne toutes les informations nécessaires pour identifier le bon phototype et s’assurer qu’il n’y a pas de contre-indications, et, d’autre part, de garantir une bonne prise en main de la machine pour éviter les accidents», anticipe de son côté Dominique Munier.

Un enseignement pointu mais qui ne devrait pas excéder quelques jours, selon le président de l’UPB. Restera la question du délai pour obtenir la certification… « Dans une version antérieure du décret qui nous avait été soumise, un délai de 24 mois pour se mettre en règle avec la formation avait été prévu. Il n’en est rien dans le décret publié», constate Martine Berenguel. Les futurs arrêtés, encore une fois, devront lever le voile.

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