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Comment rester performant dans le contexte instable actuel ?

Suite à la conférence de Michel Lagahe, notre directeur conseil, lors du salon Innov-Agri du 8 septembre dernier à Ondes, nous vous proposons de voir comment faire face à la volatilité des charges des axploitations agricoles de grandes cultures.

Les exploitations sont confrontées à un contexte immédiat de crises (crise géopolitique inflationniste, crises sanitaires, crises climatiques…) qui ne doit pas faire oublier les évolutions tendancielles majeures en cours, souvent renforcées pas ces crises : recherche de souveraineté alimentaire, transition écologique… S’adapter à court terme est indispensable mais c’est également l’occasion de saisir les opportunités pour préparer le moyen terme.

" En 2021-2022, on estime à environ 28 % les charges opérationnelles d'une exploitation agricole de grandes cultures touchées par une forte volatilité, avec les engrais (16 %), le carburant (5 %) et les travaux par tiers (7 %) ", indique Michel Lagahe.

Sur la dernière campagne, « le coût des engrais a été multiplié par 3, celui du carburant par 2 et le coût des travaux par tiers enregistre une hausse de 15 %. Si les prix de vente des matières agricoles ont également explosé, cela n'est pas toujours suffisant pour compenser les pertes, en fonction des ventes réalisées et selon les résultats de la moisson. ». Il insiste sur les écarts de rendements très importants observés lors de cette récolte 2022. 

Dans ce contexte particulièrement instable, il rappelle alors la nécessité de « sécuriser le chiffre d'affaires de l'exploitation » en « diversifiant les rotations » notamment. L'objectif étant de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier et ainsi « répartir les risques ».

Face aux coûts des engrais, il met aussi en avant le fait d'accroître la part des cultures peu consommatrices en azote (soja, tournesol, orge...) ou de les intégrer dans la rotation. Autre levier cité : la souscription aux assurances grêle, récolte... Il souligne que « chaque année depuis 2016, la France a connu au moins un aléa climatique décennal ».

Enfin, « dès que l'on achète les intrants chers, il faut vendre cher ses cultures de rente. Ce que l'on craint aujourd'hui, c'est l'effet ciseaux ! ». Il se souvient de la campagne 2012-2013 : « on a eu de très bons résultats lors de la moisson 2012, les appros étaient alors très chers, mais peu d'agriculteurs se sont positionnés sur les ventes. Or les récoltes ont été très mauvaises ensuite et les prix se sont effondrés... ».

Michel Lagahe prend alors un exemple pour la culture du blé tendre dans le Gers et précise l'importance de « redéterminer son prix seuil de commercialisation : s'il était à 178 €/t en 2020, il est passé à 234 €/t en 2022 ».

« Dans le cas d'un prix seuil à 234 €/t, je vends 30 % avant récolte le 1er mars sur les marchés à terme à 315 €/t (soit 295 €/t départ ferme). 

  • 1ère hypothèse : les cours montent à 410 €/t départ ferme

- 30 % à 295 €/t
- 70 % à 410 €/t
Prix moyen : 375 €/t

Je gagne 141 €/t en plus au lieu de 176 €/t : j'ai donc « un manque à gagner »

 

  • 2e hypothèse : les cours chutent à 210 €/t départ ferme

- 30 % à 295 €/t

- 70 % à 210 €/t

= Prix moyen : 235 €/t

« Alors je me rémunère au lieu de perdre 24 €/t. Mes engagements et ma rémunération sont assurés et je n'ai pas de déficit. J’ai "couvert" une hausse de mes coûts de production qui était de 24 % ».

 

Pour éviter le risque d'effet ciseaux, il n'y a malheureusement pas de solution miracle, mais le contexte actuel peut légitimer d'autant plus le fait « d'adapter son modèle d'exploitation si besoin ». En effet, « cela peut être l'occasion de saisir des opportunités afin de préparer le moyen terme comme revoir ses pratiques, s'inscrire dans une filière différenciée, rechercher de la valeur ajoutée (labels, marchés de niches...) ou s'impliquer plus loin dans la chaîne de valeur (circuits courts...), etc. ».