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Des salons de coiffure plus responsable

La transition écologique s’amorce dans tous les secteurs d’activité et la beauté ne fait pas exception. Dans les salons de coiffure ou d’esthétique, des chefs d’entreprise trouvent des solutions qui s’avèrent bénéfiques aussi pour leur santé.

Ne plus choisir entre santé et beauté

Si les troubles musculo-squelettiques représentent 74 % des maladies professionnelles dans le secteur de la coiffure, les problèmes d’allergies cutanées et respiratoires viennent juste après avec 26 % des maladies déclarées. D’après l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS), en 2016, la profession de coiffeur regroupait plus d’un eczéma allergique sur quatre et près de 14  % des affections respiratoires (asthmes, rhinites), reconnus comme maladie professionnelle. En cause, les substances irritantes et allergisantes contenues dans de nombreux produits capillaires utilisés pour les shampooings, les teintures, les décolorations et les permanentes. Les salariés des instituts de beauté et des salons de manucure sont eux aussi concernés par les problèmes allergiques, majoritairement cutanés. Ces derniers représentaient, en 2016, plus du quart des maladies professionnelles reconnues dans ce secteur. Des composés non seulement irritants, mais également cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques, entrent dans la composition de certains produits. Dans le secteur de la beauté, comme dans beaucoup d’autres, la question de l’impact de l’activité sur la nature rejoint celle de la santé au travail. De plus en plus de salons commencent à chercher des solutions et en trouvent !

Des teintures naturelles…

C’est pour répondre à la demande de quelques clientes qu’Isabelle, propriétaire d’un salon de coiffure en Bretagne, s’est intéressée aux teintures végétales. Elle a baissé le rideau au cours d’une matinée pour accueillir, avec ses deux salariées, une formatrice. Une cliente a accepté de jouer le “cobaye”. Cette prestation est pour l’instant minoritaire dans son activité, la majorité des clientes continuant à préférer les teintures chimiques aux gammes de coloris plus larges. Mais elle lui permet, non seulement de retenir certaines habituées mais aussi d’attirer une nouvelle clientèle. Si Isabelle a adopté la technique sur elle-même, l’une de ses salariées, proche de la retraite, n’entend pas la pratiquer. Le changement bouscule les habitudes.

…au recyclage des cheveux !

Le plus souvent enfouis ou incinérés, les cheveux (50 % des déchets des salons de coiffure) constituent une matière aux propriétés remarquables : lipophile, hydrophile, incompressible, isolant, très résistant, lavable. S’inspirant de l’astuce des marins bretons lors du naufrage de l’Amoco Cadiz qui remplirent des bas nylons de cheveux pour bloquer les hydrocarbures (astuce utilisée encore récemment lors du naufrage du Wakashio cet été à l’Île Maurice), “Les coiffeurs justes” 2 se sont fixés pour objectif de récupérer le maximum de cheveux dans les salons. Ils seront ensuite transformés par un Établissement de Services d’Aide par le Travail (ESAT) en “boudins à cheveux” destinés à dépolluer les eaux dans les ports, sur les autoroutes et dans les eaux d’écoulement de pluie (1 kg de cheveux peut absorber 8 litres d’hydrocarbures). Le projet prévoit que ces cheveux, une fois lavés, pourront encore être utilisés en renforcement de matériaux ou en isolant. L’association compte désormais des adhérents dans toute la France. Loin d’être déprimante, la transition écologique ouvre de formidables perspectives pour les esprits imaginatifs et entreprenants !