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GUERRE EN UKRAINE - L’IMPACT DANS LES EXPLOITATIONS AGRICOLES

Nous vous proposons un point sur la situation Ukraine - France, très réactive de semaine en semaine, en restant fidèle à l’actualité si évolutive de ce contexte.

 

 

On anticipe un conflit au long cours, après l’onde de choc qu’a provoqué le déclenchement de cette guerre Russie/Ukraine. Au-delà des conséquences sur lesquelles s’interroge chaque agriculteur, et de leur compassion envers les peuples, la question primaire que chacun se pose est : comment nous chaufferons nous l’hiver prochain ?

 

Charles Michel, président du Conseil de l’Europe, explique que c’est une première et que nous naviguons un peu en terre inconnue. L’agriculture française va devoir affronter des déconvenues stratégiques et économiques, et devra savoir rebondir.

 

La Russie et l’Ukraine exportent 30% du blé mondial et 15% du maïs. Cette source devenant aléatoire, on peut anticiper une baisse des stocks de fin de campagne.

La campagne de semis à l’Est est fortement compromise, tout comme la récolte 2022 et donc, par extension, l’approvisionnement de l’Europe en 2023.

 

La Russie, avec la Biélorussie, est un exportateur mondial des engrais potasse et de l’urée. Aujourd’hui, les prix ont déjà été multipliés par trois et les conséquences seront majeures pour les cultivateurs européens. D’autres régions sont concernées comme le nord de l’Afrique, ou le Brésil achetant 60% des engrais russes azotés, c’est l’ensemble de ses productions qui  sera impacté.

 

Les engrais minéraux sont aussi à revoir. La France produit l’ammonitrate à partir du gaz importé à un prix en forte augmentation.  La Russie suspend elle ses exportations de gaz. Ces changements dus à cette conjoncture de guerre nous laissent entrevoir une forte déstabilisation des marchés.

 

Les exportations seront compromises par un manque de productions ; mais l’immobilisation des moyens d’exportation est à prendre aussi  en compte. Les destructions encourues par les ports de la côte ukrainienne et les risques de blocage des ports de la Mer Noire sont omniprésents.

 

Cette difficulté d’importation due au manque de disponibilité des marchandises est exacerbée par un problème de prix. Les entreprises françaises produisant tant en Russie qu'en Ukraine en voient les répercussions; le blocage de transactions et l’exclusion du système international bancaire gênera le flux des transactions. L’approvisionnement en composants  sera aussi difficile pour des industriels et entrainera une augmentation des délais de livraison des matériels nécessaires aux agriculteurs.

 

L’allongement des prêts représente un risque accru pour les petites exploitations à la santé financière problématique.

La flambée des cours de l’alimentation du bétail est un autre élément  à prendre en compte, particulièrement pour la filière granivore  porcs et volailles. Se tourner vers l’Amérique du Nord (colza) ou du Sud (soja) rencontrera des difficultés : leurs, productions sont aussi impactées par une forte baisse coïncidant à une forte période de sécheresse. L’augmentation des couts de production sera aussi  liée à cette évolution des postes de charge.

 

On peut craindre une crise alimentaire mondiale majeure. Le  gouvernement français prépare un Plan de Résilience pour permettre à l’agriculture française de résister et compenser ces difficultés d’importation.

Jean Yves  Le Drian, ministre des affaires étrangères, prévoit pour la mi-mai une collaboration des 27 pays membres de l’Europe pour un plan d’action commun à moyen terme. L’énergie, le photovoltaïque, la méthanisation y auront sans doute leur place.

 

Au-delà des reports de charges fiscales, les éleveurs bénéficieront d’un fond doté de 400 millions d’euros pour compenser les pertes. Les entreprises, selon les pertes subies, auront une prise en charge partielle de leurs dépenses énergétiques.

Suivront d’autres mesures, peut-être des aides directes réclamées par les agriculteurs pour compensation de leur perte de revenus.