EMPLOYEURS DE MAIN D'OEUVRE
Congés payés et arrêt de travail : revirement de jurisprudence !
Publié le 22.09.2023
Dans plusieurs arrêts rendus le 13 septembre 2023, la Cour de cassation met en conformité le droit français avec le droit européen en matière de congé payé et garantit ainsi une meilleure effectivité des droits des salariés à leur congé payé :
- les salariés malades ou accidentés auront droit à des congés payés sur leur période d’absence, même si cette absence n’est pas liée à un accident de travail ou à une maladie professionnelle ;
- en cas d’accident du travail, le calcul des droits à congé payé ne sera plus limité à la première année de l’arrêt de travail ;
- la prescription du droit à congé payé ne commence à courir que lorsque l’employeur a mis son salarié en mesure d’exercer celui-ci en temps utile.
(Communiqué de la Cour de cassation)
La Cour de cassation invite clairement le législateur à mettre en conformité le droit national avec le droit européen, en modifiant notamment les articles L3141-3 et L3141-5 du Code du travail.
Dans cette attente, les salariés pourront saisir la justice en se réclamant de ces décisions pour obtenir la reconnaissance de leurs droits à congés payés durant leurs absences pour maladie ou accident, d’origine professionnelle ou non.
ZOOM sur le droit actuel français, le droit européen et les décisions de la Cour de cassation du 13 septembre 2023
1 - Le salarié en arrêt de travail pour maladie non professionnelle acquiert des congés payés
Etat du droit actuel
- Selon le droit de l’UE, lorsque le salarié ne peut pas travailler en raison de son état de santé, situation indépendante de sa volonté, son absence ne doit pas avoir d’impact sur le calcul de ses droits à congé payé.
- Selon le droit français, un salarié en maladie non professionnelle ou victime d’un accident de travail n’acquiert pas de jours de congé payé pendant le temps de son arrêt de travail sauf dispositions conventionnelles contraires.
La réponse de la Cour de cassation
La Cour de cassation, eu égard à l’article 31§2 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne sur le droit au repos, écarte les dispositions du droit français qui ne sont pas conformes au droit de l’Union européenne.
Ainsi, elle juge que les salariés en arrêt de travail pour maladie ou accident, de quelque nature que ce soit (professionnelle ou non professionnelle) ont le droit de réclamer des droits à congé payé en intégrant dans leur calcul la période au cours de laquelle ils n’ont pas pu travailler.
Cass. soc., 13 septembre 2023, n°22-17.340 à 22-17.342, FP-B+R
2 - Accident du travail/maladie professionnelle : l’indemnité compensatrice de congé payé n’est pas limitée à un an
Etat du droit actuel
- Selon le droit de l’Union européenne, un salarié victime d’un accident de travail peut bénéficier d’un droit à congé payé couvrant l’intégralité de son arrêt de travail.
- Selon le droit français, l’indemnité compensatrice de congé payé est limitée à un an en cas d’accident du travail ou maladie professionnelle.
La réponse de la Cour de cassation
La Cour de cassation, eu égard à l’article 31§2 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne sur le droit au repos, écarte les dispositions du droit français qui ne sont pas conformes au droit de l’Union européenne.
Ainsi, elle juge qu’en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle, l’indemnité compensatrice de congé payé ne peut être limitée à un an.
Cass. soc., 13 septembre 2023, n°22-17.638, FP-B+R
3 - Prescription de l’indemnité de congé payé : le délai ne peut pas commencer à courir si l’employeur n’a pas pris les mesures nécessaires pour l’exercice du droit à congé
Etat du droit actuel
Qu’elle soit fixée par la loi ou de façon conventionnelle, il existe une période déterminée au cours de laquelle le salarié doit prendre ses congés payés. Ce n’est que lorsque cette période s’achève que commence à courir le délai de prescription de l’indemnité de congé payé.
La réponse de la Cour de cassation
la Cour de cassation juge que le délai de prescription de l’indemnité de congé payé ne peut commencer à courir que si l’employeur a pris les mesures nécessaires pour permettre au salarié d’exercer effectivement son droit à congé payé.
Cass. soc., 13 septembre 2023, n°22-10.529 et 22-11.106, FP-B+R